Reprise sportive après une entorse de la cheville : le rôle clé de la réathlétisation

L’entorse de la cheville est l’une des blessures les plus fréquentes chez les sportifs, quel que soit leur niveau ou leur discipline.

Que vous pratiquiez la course à pied, le basketball, le trail, le handball ou le tennis, cette blessure peut survenir brutalement, mettant un frein temporaire à votre activité.

Une gestion sérieuse dès la phase aiguë, suivie d’une réathlétisation rigoureuse, est essentielle pour éviter les récidives et sécuriser la reprise du sport.

Comprendre l’entorse de la cheville chez le sportif

Une entorse correspond à un étirement, une distension ou une rupture partielle ou totale des ligaments qui stabilisent l’articulation. Dans le cas de la cheville, c’est généralement le ligament collatéral latéral externe qui est touché.

On distingue trois niveaux de gravité :

Entorse bénigne (foulure) : simple étirement du ligament. Douleur présente, sans lésion visible. Reprise possible dès que la douleur disparaît.
Entorse modérée : rupture partielle de certaines fibres ligamentaires, accompagnée souvent d’un œdème et d’un hématome.
Entorse grave : rupture complète du ligament. Peut nécessiter une intervention chirurgicale et une immobilisation prolongée.

Facteurs de risque d'entorse : au-delà du terrain

Les causes d’une entorse ne se résument pas à un simple faux mouvement.

Voici les facteurs les plus courants à surveiller :

Déficits de force et de mobilité articulaire
Proprioception altérée (manque de stabilité, retard dans la perception de l’appui)
Fatigue musculaire accumulée
Équipement inadapté (chaussures, surfaces d’entraînement)
Antécédents d’entorses mal soignées ou non rééduquées

Ces éléments doivent être pris en compte dans le programme de prévention et surtout lors de la réathlétisation.

Objectifs de la réathlétisation après entorse : plus qu’une simple récupération

Une fois la phase médicale et la rééducation passive terminées, le travail du préparateur physique devient central.

La réathlétisation ne se limite pas à remettre en mouvement la cheville, elle vise à réintégrer progressivement les contraintes spécifiques du sport, avec un corps restauré, équilibré et prêt à performer.

Les objectifs clés :

Récupérer l’amplitude de mouvement de la cheville
Renforcer activement les muscles stabilisateurs (mollet, fibulaires, tibial postérieur, etc.)
Réintégrer un travail proprioceptif avancé
Restaurer la chaîne fonctionnelle complète (genou, hanche, tronc) pour éviter les compensations
Simuler les contraintes de terrain ou de discipline (sauts, changements d’appuis, impacts, etc.)

Étapes clés d’un protocole de réathlétisation post-entorse

Phase 1 : Contrôle moteur & stabilité

- Appuis bipodaux puis unipodaux sur surfaces stables
- Exercices de transfert de poids, de déséquilibre contrôlé
- Stimulation du réflexe de stabilisation

Phase 2 : Renforcement dynamique

- Travail excentrique du mollet
- Renforcement global de la jambe et du tronc
- Intégration de mouvements fonctionnels (montées de genoux, pas chassés, pas croisés, etc.)

Phase 3 : Réintroduction des contraintes sportives

- Petits sauts, bonds latéraux, course légère en ligne droite
- Appuis réactifs et changement de direction progressif
- Répétition d’actions spécifiques à la discipline (sans contact dans un premier temps)

Phase 4 : Retour au sport en conditions réelles

- Séances à intensité croissante
- Surveillance de la qualité du mouvement et de la fatigue
- Reprise encadrée, avec feedbacks objectifs (vidéo, force, stabilité)

Prévenir les récidives : un enjeu essentiel pour le long terme

Une entorse mal prise en charge augmente considérablement le risque de récidive, de douleurs chroniques ou de troubles posturaux. C’est pourquoi la réathlétisation ne doit jamais être négligée.

Le travail spécifique sur la proprioception, la force et la symétrie fonctionnelle est un investissement dans la performance et la durabilité sportive.

Conclusion

L’entorse de la cheville ne doit pas être considérée comme une simple “blessure de passage”.

Elle représente un signal d’alerte sur des déséquilibres ou des faiblesses à corriger.

En tant que préparateur physique, notre rôle dans la phase de réathlétisation est déterminant pour sécuriser le retour au sport et permettre au sportif de retrouver confiance et performance.

Un protocole bien mené, individualisé, et progressif fait toute la différence. La priorité : ne pas revenir trop vite, mais revenir mieux.

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